English version follows French.

Auteur et traducteur: Habib Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill

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Le trajet de bus de Mile End à Cote-des-Neiges est assez court. Le 160 vous y prends, à moins de 5 kilomètres et sans transfert, mais les quartiers paraissent être des mondes à  part. Le paysage assez homogène de Mile End, ponctué par des barbes, des Chihuahuas et des lattés, cède lentement la place à une démographique que certains appelleraient ethnique. Les tresses remplacent les raies de cheveux, les saris deviennent plus communs que les pantalons joggers et les patties plus faciles à trouver que les bols végétaliens. On est à Cote-des-Neiges, où l’on trouve une grande populace immigrante, l’Oratoire St-Joseph perché sur la ville et Le Plaza – un espace culturel important à Montréal, devant le quel je suis passé à plusieurs reprises, à pieds, à vélo, en voiture, sans jamais rentrer. Quand j’ai invité Tali à participer à ce projet, ces préconditions étaient qu’on mène le shoot au Plaza et qu’on passe par Swagg City, un sneaker spot hyper bizarre mais vraiment intéressant qui se trouve dans le centre commercial.

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« J’ai choisi Le Plaza parce que c’est comme un repère dans mon histoire, en grandissant dans ce quartier », explique Nantali Indogo quand je l’interroge sur le choix du lieu. « [C’était] juste où on allait, où nos parents allaient, où nos mères allaient pour magasiner ». La chanteuse de Nomadic Massive reflète sur l’aspect générationnel de l’institution Montréalaise et sur son importance pour la communauté caraïbe et d’autres communautés immigrantes. Qu’il serve comme espace publique où des individus d’origines diverse socialisent ou un endroit où les enfants lugent en hiver dans le parking, Le Plaza est un exemple parfait de ce que W.E.B. DuBois appelait un « point de transfère ». Le sociologue Afro-Américain a inventé le terme pout décrire des espaces de contact entre différentes cultures, où les gens interagissent et échangent leurs connaissances. Ces espaces liminaux sont importants à la négociation de significations, d’identités et d’histoires. C’est le sentiment que j’ai eu mes 15 premières minutes au Plaza. Me baladant dans le centre, en attendant Tali et Tron, j’ai vu un kiosk de bagel, un dépôt de tapis perse, et un supermarché chinois. Dans la cour alimentaire en bas, le Subway avait fait faillite, mais le resto de Jamaïcain était bien animé.       

La présentatrice de Radio Canada n’exagérait pas quand elle a décrit Le Plaza comme un fourre-tout culturel. Elle s’est aussi référée à l’espace comme étant plutôt un « mall » qu’un centre de commerces. Je ne comprends pas entièrement ce qu’elle veut dire jusqu'à ce qu’elle fasse une remarque concernant le genre de magasin qu’on y trouve. « On n’a pas de Gap dans Le Plaza », s’esclaffe Tali. Je pense directement à un morceau de Chris Rock, dont je ne suis pas entièrement sure de l’origine, mais je dirais : la cassette audio Bigger and Blacker. « Chaque ville a deux malls », dit le comédien dit. « Le mall des blancs, et le mall que les blancs fréquentaient auparavant ». Il y d’importantes implications raciales et sociales intégrées dans ces deux commentaires sur les tendances des consommateurs et les types de produits auxquels ils ont accès. Tali explique comment certaines modes peuvent créer des divisions culturelles et accentuer la marginalisation. Dans les milieux défavorisés, des pompes neuves sont un symbole d’opulence et de succès, glorifiées par le Hip Hop et les valeurs de consommation capitalistes.

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Jusqu'à il y a quelques années, je connaissais Tali juste en tant que musicienne. Elle m’avait invité à souper il y a 4 étés, et bien qu’il soit dur de refuser ses champignons farcis, j’y suis quand même allé à contrecœur. Les Grizz jouaient contre les Spurs dans le premier tour, et c’était le 6ème match ce coir là. Z-Bo, Marc et les gars étaient à une victoire de remporter la série. Je n’ai absolument rien dis jusqu’au lendemain. Je n’étais pas habitué à mettre mes engagements sociaux devant le basket. Tali se marre et admet qu’elle avait constamment envie de disparaître furtivement pour apprendre le score. Son amour pour le basket est profond et a commencé à un jeune âge. « Il y’avait un moment dans ma vie (…) où je n’avais pas d’identité. Mon identité c’était le basket », partage l’ex-athlète et entraineur universitaire. J’étais sincèrement excité de découvrir ce coté accro du basket de quelque que j’aimais et admirais depuis bien longtemps, mais presque aussi agacé de découvrir que Tali avait le câble à la maison. Si seulement j’avais su que manger les champignons tout en regardant le match était en fait une option.

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It’s a short bus ride from Mile End to Côte-des-Neiges. The 160 takes you there in under 5 klicks and no transfers, but the neighborhoods seem worlds apart. Mile End’s fairly homogenous landscape, punctuated by beards, Chihuahuas, and lattes, slowly morphs into what some might call a more ethnic make-up. Braids replace side parts, saris outnumber joggers, and patties are easier finds than vegan bowls. This is Côte-des-Neiges, home to a large immigrant population, a perching St-Joseph’s Oratory, and The Plaza – an important cultural space in Montreal, that I had walked, biked, and driven by, but never stepped into. When I invited Tali to participate in the project, her preconditions were that we conduct the shoot at The Plaza and drop in to Swagg City, the center’s crazy odd but really interesting sneaker spot.

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“I picked The Plaza cause that’s like a landmark in my story, growing up in this neighborhood,” Nantali Indongo explains when I ask about her choice of location. “[It] was just really where we went, where our parents went, where our mothers went to shop.” The Nomadic Massive singer reflects on the generational nature of the Montreal institution and its importance to Caribbean and other immigrant communities. From serving as a public space in which people from different backgrounds socialized to one where kids went winter parking lot tobogganing, The Plaza is a perfect example of what W.E.B. Dubois called a point of transference. The African-American sociologist coined the term to describe places of contact between different cultures, where individuals intermingle and exchange knowledge. These liminal spaces are important to negotiating meanings, identities, and histories. This is the sense I got my first 15 or so minutes at The Plaza. Wandering around, waiting on Tali and Tron, I saw a bagel kiosk, a Persian carpet depot, and a Chinese grocery store. In the food court downstairs, the Subway had gone bankrupt, but the Jamaican jerk chicken joint was bustling.

The CBC broadcaster wasn’t lying when she called The Plaza a cultural hodgepodge. She also referred to the space as more of a mall than a shopping center. I don’t catch her drift until she comments on the type of stores the building houses. “We don’t have Gap at The Plaza,” Tali laughs. My mind wanders to a Chris Rock sound bite whose origin I can’t entirely pin, but I want to say the Bigger and Blacker audiotape. “Every town has two malls,” the comedian says. “The white mall, and the mall white people used to go to.” There are important racial and social implications embedded in both of these comments on consumer patterns and product types. Tali speaks to how certain fashion sensibilities can create cultural division and accentuate marginalization. In less economically favored circles, fresh kicks are symbols of opulence and success, glorified by Hip Hop and the consumer-industrial complex.

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Until a few years ago, I only knew Tali as a musician. She’d invited me to dinner about 4 summers back, and though it’s tough to turn down her stuffed mushrooms, I only reluctantly went. The Grizz were playing the Spurs in the first round, and that night was Game 6. Z-Bo, Marc, and them had a chance to clinch. I said not a word, until the next day. I wasn’t used to putting social engagements ahead of hoops. Tali chuckles and admits she consistently wanted to sneak away from company for score updates. Her love for basketball started young and runs deep. “There was a time in my life (…) where I didn’t have an identity. My identity was ball,” the former collegiate athlete and coach shares. I was genuinely giddy to discover this hoop head side of someone I’d long loved and respected; but just as annoyed to discover Tali had a cable hook up at home. Had I only known that eating mushrooms and watching the game was actually an option.

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Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill

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J’avais rencontré Michael quelques fois mais ne pouvais pas dire que je le connaissais vraiment. On s’est croisé en ville, à la montréalaise surtout, c’est-à-dire avec assez de temps pour prendre des nouvelles mais rarement assez pour aller plus loin. Normalement, tu peux repérer son look distinct à un bloc de distance. Chapeau au top, le genre de barbe que tu veux mais ne peux pas faire pousser et des pompes neuves. Toujours neuves. Il n’y a pas grand-chose qui peut m’échapper quand il s’agit de silhouette de sneakers, mais avec Mike, je dois presque toujours demander : « c’est lesquelles, celle-là ? ». Ma curiosité me donne typiquement droit à un grand sourire. Quand il avoue la vérité, c’est généralement une boutique obscure, dans un quartier obscure de la ville – voire même dans une autre ville obscure. 

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Il y a les amoureux de sneakers, les amateurs de sneakers, les accros de sneakers et il y a Michael De Serres-Kohnes ; ou DSK, voir même D. Michael aime et cherche tout ce qui est en lien avec les chaussures de sport, des modèles classiques, aux pancartes de présentation, aux anciennes affiches de publicité. « Je suis rentré dedans dernièrement », dit-il à propos de sa fascination pour ses souvenirs de baskets. « Je ne dirais pas que c’est économique, mais rentrer dans ce truc de sneakers super rare, difficile à trouver, c’est nouveau pour moi». Vu son appartement, j’aurais facilement pu être dupé. On dirait que sa collection a mis des années à être construite. D. ouvre le placard de la cuisine et chope une installation Nike Fit qui à l’air de sortir d’un kiosque d’une expo-sciences. En fait, c’est un exposé des technologies de textile de la compagnie, complète avec des ampoules sur des petites charnières. Il court dans l’autre chambre, s’étire vers l’étagère du haut, soulève ses talons pour plus de hauteur, et ramène quelques boites d’OG Air Max Battle Force du début des années 90. Michael porte du 42, mais celles-là c’est du 53. « Je n’avais jamais vu des boîtes aussi grande », admet-il. « Il me les fallait ».

Des sneakers sont nichés vraiment partout : sur les tables, les coins et sous les canapés. Je m’attendais à moitié à ce que le fondateur de The Sneakers High, la marque sous-laquelle D. mène tous ses projets de sneakers, sorte des goodies du four. Je veux dire ce mec à acheter un cadi remplis de balles de golf. Il dégage tellement de fierté quand il partage cette histoire qu’on croirait qu’il joue vraiment ce sport. Après 2 heures en session, Michael fouillait encore dans son stock. « Dis-moi quand tu veux qu’on s’arrête pour qu’on se mette au boulot », il propose, ne sachant apparemment pas que c’était ça le travail. « Tout est éparpillé d’ici…jusqu’à Neverland », il ajoute en se référant à ses objets de collection. Si on ne le connait pas bien, on peut penser que son amour sans limite est le reflet d’une enfance chétive et les sneakers une résistance symbolique à la vie d’adulte. Il ne pouvait pas y avoir une interprétation plus injuste du sosie de l’Alchimiste. Son amour pour les pompes et sa vision de ce que The Sneaker High peut offrir en tant qu’initiative éducative et de construction communautaire est aussi mature et progressiste que possible.

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ichael est plus historien que collectionneur. Son engagement pour les sneakers est lentement passé du consumérisme à la production. Il customise des pompes, reconçoit des vêtements et organise des expos. Plus on discute, plus je me rends compte à quel point D. est immergé dans tous les aspects de la culture. Pendant un moment de sincérité, il m’avoue à quel point ça peut être invasif. Quasiment tous ses moments debout et une partie de ceux où il dort sont occupés par une idée en lien avec les baskets. Pendant que Tron prend des photos, Mike se tourne vers un porte-magasines à côté du frigo. « Sneaker Freaker », il montre la publication australienne. « C’est la meilleure », il continue après une pause de 15 secondes.  « Mais je n’ai pas le 1 et 2 », il conclue après presque une demi minute. Je suppose que les longues pauses sont parce que D. gère deux conversations en même temps, une interne et l’autre avec nous. Je suis prêt à parier mes Paul Browns que les deux étaient sur les sneakers.

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I met Michael a couple of times but couldn’t say I really knew him. We’d occasionally bump into each other but mostly in that Montreal kind of way, where you have time to catch up but rarely enough to get deep. You could spot his distinct look from about a block away. Hat game proper, the type of beard you want but can’t grow, and fresh kicks. Always fresh kicks. There’s little you can sneak by me as far as sneaker silhouettes go, but with Mike, I almost always have to ask: “What are those?” My curiosity typically nets me a grin. When he does come clean, it’s usually some obscure store, in some obscure part of town­ – or even some obscure other town. 

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There are sneaker lovers, sneaker enthusiasts, sneakerheads, and then there’s Michael De Serres-Kohn; or DSK for short and D. for even shorter. Michael loves and hunts anything related to athletic footwear, from classic models, to in-store display signs, and old advertisement posters. “It’s something that I’ve gotten into recently,” he says of his fascination for sneaker memorabilia. “I wouldn’t quite call it thrifting, but getting into this super rare hard-to-find vintage sneaker stuff is new to me.” By the looks of his apartment, I could’ve easily been duped. His collection seemed like it would’ve taken years to build. D. opens the kitchen cupboard and reaches for this Nike Fit installation that looks straight out of a science fair kiosk. It’s basically an exposé of the company’s different textile technologies, complete with rotating vials. He runs over to the other room, stretches to the top shelf, lifts the back of his heels for added leverage, and grabs a couple of boxes of OG Air Max Battle Force from the late 90s. Michael wears a size 9, but these are a 17. “I’d never seen boxes that huge,” he admits. “I kind of had to have them.”  

Sneakers are nestled in every possible nook: on tables, in corners, and under couches. I half expected the founder of The Sneakers High, the brand under which D. conducts all kick-related projects, to bust goodies from out the oven. I mean, this dude once bought a shopping cart full of golf balls. He beams with so much pride as he shares the story, you’d think he actually played the sport. About 2 hours into our session, Michael is still rifling through his stash. “Let me know when you need me to stop, so we can get to work,” he offers, seemingly unaware that this was the actual work. “It’s scattered from here… to Neverland,” he adds, referring to his collectibles. If you didn’t know any better, you might take his unfettered enthusiasm as a reflection of stunted childhood, and sneakers a symbolic resistance to getting grown. There couldn’t be a more inaccurate read on the Alchemist look-alike. His love for kicks and his vision for what The Sneaker High can offer as an educational and community-building initiative are as mature and forward thinking as can be. 

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Michael is more of a historian than a collector. His engagement with sneakers has slowly shifted from consumerism to a more production-based role. He customizes kicks, redesigns outerwear, and curates exhibits. The more we chat, the better I understand the extent to which D. is immersed in all aspects of the culture. In a candid moment, he shares how invasive it can all get. Almost every waking moment, and a portion of the sleeping ones, are occupied by some runner-related reflection. While Tron is snapping pics, Mike turns to a rack of magazines by his fridge. “Sneaker Freaker,” he points to the Australian publication. “The best,” he continues after a full 15-second break. “But I don’t have 1 and 2,” he concludes, almost a full half minute later. I assume the long pauses are because D. is carrying two conversations at once, one internal, and one with us. I’m ready to bet my Paul Browns they were both sneaker related.

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Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill

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Mon pote 80 et moi avons fait la ville en vélo, pour mon initiation dans le Bike Gang crew. On a commencé à Place des Arts, pour traverser le pont qui mène à l’Ile Sainte-Hélène, puis on est remonté au Parc La Fontaine. En négociant nos options pour diner, 80 a proposé un spot appelé Omnivore. J’étais passé devant ce restaurant un bon nombre de fois. J’avais jeté un coup d’œil par la fenêtre une ou deux fois, sans jamais vraiment rentrer. Plusieurs facteurs ont contribué à mon hésitation, le premier étant la localisation. Au cours de mes deux premières années à Montréal, l’espace qui faisait le coin sur Marianne et Saint Laurent avait connu environ quatre commerces différents. Malgré le fait qu’ils avaient survécu beaucoup plus longtemps que les locataires précédents, par précaution, j’avais fait une croix sur le restaurant libanais, une victime potentielle. 

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L’autre truc qui me dérangeait discrètement était que je ne savais absolument pas ce qu’un omnivore était. « Vas-y mec », rit Ali Sleiman, co-propriétaire du restaurant avec son frère Akram et leur ami Charbel. « J’ai abandonné la fac et je sais ce qu’un omnivore veut dire ». Mon diplôme d’études supérieures avait encore moins de valeur que ce que pensait. Le grillmaster extraordinaire m’a expliqué qu’il avait appris la définition en regardant Jurassic Parc, quand un scientifique a défini trois catégories de dinosaures : les carnivores, les herbivores et les omnivores. Ces derniers mangent de la viande, des plantes et plus ou moins tout ce qu’ils ont sous la main. Quand Charbel et Akram ont ouvert Omnivore ils voulaient satisfaire tous les goûts. Le nom collait bien.

Akram, appelé Aks par ses amis, travaillait au grill pendant ma première visite. Le menu n’est pas très long, mais peut être déroutant parce que tout fait saliver. Je décide de prendre un sandwich Djaj mais lui demande de mettre des pommes de terre à la place des cornichons. « Ici on ne met pas de pomme de terre dedans. C’est comme ça que les autres font », Akram balance. En rigolant, je le supplie de m’accorder une exception, mais il dit que le restaurant n’a pas de pomme de terre. Directement dans mon champ de vision, il y a, ce qui semble être, un bol de patates Yukon Gold coupées en dé. « Ce mec est juste un [insérer explétif] », je me dis, mais je sais qu’il ne faut jamais contrarier la personne qui te fait à manger. La première bouché de ce poulet a totalement changé mon humeur. Grillé à la perfection, avec une sauce à l’ail sans une goûte de mayo, ce shish taouk défoncerait n’importe quel taouk que je n’ai jamais mangé chez moi. Je n’étais toujours pas un grand fan d’Aks mais j’étais certainement prêt à le supporter les prochaines fois. 

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Les visites à répétition étaient fréquentes : au rythme de quatre fois par semaine au moins. La dernière année et des poussières a probablement été la plus dure pour moi et Omnivore est devenu un havre personnel. Toute l’équipe m’a toujours accueilli et traité avec de l’affection, à un moment où j’avais perdu tout ancrage et j’ai le plus profond sentiment de gratitude pour ça. Finalement, j’ai même accepté Akram, dont l’intuition du basket est appréciable. Il avait insisté que Wisconsin battrait Kentuchy au Final Four de cette année, pronostiqué la dominance de Kaminski et prédit que Duke remporterai les finales de 5 points. Ali se marre quand je lui raconte ma première rencontre avec Aks. « Il est juste comme ça parfois », l’originaire de Beyrouth s’ouvre. « En grandissant, il était plus comme un père qu’un frère et il devait l’être parce que mon père travaillait tout le temps ».  Ali devient un peu émotionnel quand il se rappelle le déménagement de sa famille du Liban à New Jersey, puis Montréal. Il précise aussi qu’Omnivore est un environnement sans pomme de terre. Ce que j’avais vu était, en réalité, un bol de navets. 

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My man 80 and I had been cycling around the city, as part of my initiation into the Bike Gang crew. We started at Place des Arts, pedaled over the bridge to Ile Saint-Helene, then back up to Parc LaFontaine. While debating food options, 80 suggested this spot called Omnivore. I’d walked by the small restaurant a fair share of times, peeked through the window once or twice, but never actually stepped in. There were a couple of factors that contributed to my hesitation, the first of which was location. In my first two years in Montreal, the space on the corner of Marianne and St Laurent had seen about four different businesses open and close. I’d preemptively written off the Lebanese eatery as an eventual casualty, despite the fact that they had long outlasted any of the previous occupants. 

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The other thing that quietly bothered me was that I had no clue what the hell an omnivore was. “Come on man,” laughs Ali Sleiman, who part owns the restaurant with his brother Akram and their friend Charbel. “I’m a college drop out and I know what omnivore means.” My graduate degree apparently held even less value than I’d originally suspected. The grillmaster extraordinaire explained he’d learned the definition while watching Jurassic Parc, when a scientist outlined three categories of dinosaurs: Carnivores, herbivores, and omnivores. The latter basically eat meat, plants, and pretty much anything else in sight. When Charbel and Akram first opened Omnivore they aimed to cater to eclectic tastes. The name made sense.

Akram, whose friends affectionately call Aks, was manning the grill on that first visit. The menu isn’t extensive but can be overwhelming considering every last item looks mouth wateringly good. I settle for a Djaj sandwich but ask to substitute the pickles for potatoes. “We don’t put potatoes in there. That’s how other places do,” Akram blurts. I playfully plead for an exception but he claims the restaurant doesn’t carry potatoes to begin with. Directly in my line of vision is what appears to be a bowl of Yukon Gold spuds, freshly diced. “This dude’s just being a [insert one of many expletives],” I think to myself, but I know never to argue with the person making your food. The first bite of that chicken changed my entire disposition. Grilled to perfection, with garlic sauce that contained not a hint of mayo, I’d put the shish taouk sandwich up against any I’ve eaten back home. I still wasn’t a fan of Aks’ but I’d definitely be willing to put up with him on future visits.

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The repeat trips were frequent; to the tune of four times a week, at least. The past year and change have probably been the toughest on me, and Omnivore became a personal haven. Everyone on the team always greeted and treated me with love, at a time where I’d lost all bearings – and for that, I have the deepest of gratitude. Eventually, I even softened up to Akram, whose basketball acumen is a joy to be around. He called Wisconsin over Kentucky in this year’s Final Four, predicted Kaminski’s dominance, and picked Duke by 5 in the title game. Ali chuckles when I tell him of that initial encounter. “That’s just how Aks is sometimes,” the Bidnayil native opens up. “He was more like a father than a brother growing up… and he had to be, cause my dad was working all the time.” Ali gets a little emotional when he remembers his family’s move from Lebanon to New Jersey, then Montreal. He also points out that Omnivore really is a potato-free environment. What I’d seen in the bowl were actually turnips. 

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Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill

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Encore un jour neigeux à Montréal, c’est probablement le première fois depuis où je pense à mettre des bottes : hors de question. Ce sera des Air Force 1, des high tops pas les mids. C’est un peu la mission pour arriver à Longueuil, mais le fait de savoir que le métro passe sous l’eau quand il traverse le fleuve Saint Laurent rend le voyage un peu fantastique. Je revois mes notes pré-entrevue quand je spot quelqu’un qui porte une paire de Jordan 9 noir et blanche. Je me penche et je fixe les sneakers pour déterminer si c’est la rétro 2010 ou une paire du countdown pack. A ma connaissance, le premier œillet est la seule petite différence entre les deux sorties. Mon iPod passe à Where I’m From de Sean Carter. Les yeux compulsivement rivés sur les baskets, je capte la seule ligne qui est difficile à rater : « Qui sont les meilleurs MC ? Biggie, Jay-Z, ou Nas ? ».

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Quelques semaines avant, j’ai parlé à Emily, la meilleure pote de Roxanne. Elle m’avait suggéré une petite variation sur la parole en me révèlant que son amie d’enfance a un truc pour Channing Tatum, Joel Ortiz et B.I.G. Muni de cette information privilégiée, j’étais déterminé à me faire un trip Narduwar et mettre la pression sur la sales rep de sneakers pour choisir son préféré – celui avec qui elle metterait si on lui donnait la chance. Ce n’est pas le genre de question qu’on pose à quelqu’un qu’on connait à peine, surtout pas quand l’entrevue est sur les chaussures. Mais l’accueil de Roxanne a établi une ambiance détendue et chaleureuse pour la séance, le tout couronné par le notoire sandwich de fromage grillé et une tentative ratée d’une demi heure pour réparer une machine à espresso pété. Dans ces circonstances, comment ne pas demander ?

Roxanne Porlier et moi avons pris notre premier contact l’été dernier quand C’mon Feet était encore une proposition à moitié écrite pour une expo. Elle avait proposé de garantir des stands et de ce fait, était une des premières personnes à aider le projet à décoller. Aussi bête que ça peut sembler, ce qui m’avait le plus frappé dans nos premiers échanges de textos était qu’elle avait un langage presque parfait – pas de fautes d’orthographe, pas d’abréviations, et rarement un accent manquant. « C’est important »,  souligne la jeune femme de 24 ans quand je lui fais remarquer sa parfaite syntaxe. « Ta façon d’écrire reflète ta manière de pensée et à quel point tu es attentionné en général. » Je n’ai pas été surpris d’apprendre plus tard qu’elle était enseignante. Sa passion pour les sneakers lui ont permis de connecter avec des ados dont le comportement a été défini comme problématique par d’autres éducateurs. Qu’elle porte des Jordans ou des Timberlands aux lacets défaits, le choix de chaussure de Roxanne enchantait ses étudiants et les aidait à réimaginer ce à quoi l’autorité pouvait ressembler.

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Saisissant les opportunités au bon moment, Roxanne a finalement décroché un boulot avec une boîte de sneakers, en commençant par le marketing pour arriver à la vente. « Je fais toujours la blague que je suis passée de la tête aux pieds », dit-elle. Il n’y a rien que la coureuse de fond fait qui peut être banalisé. Son condo de deux étages est un méli-mélo de mondes qui semblent clasher s’ils sont pris au sens premier. Un flyer pour un concert hardcore à Café l’Inco est posé à côté du vinyl Kind of Blue de Miles Davis. En copiant l'art de Mark Chronic, elle mélange le Hip Hop avec des produits de la culture populaire comme la B.D Peanuts de Charles Schulz. Des talons sont alignés à côté de rangés de sneakers. « Quand ils ne sont plus beaux, je les mets sur une étagère », elle partage, en faisant référence à ses baskets en fin de vie. « Je les garde, parce que je trouve que (…) c’est comme un segment de ta vie, c’est comme une partie de toi… Fait que je deviens super attachée à… ben, au matériel en fait ».

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(Note de l'éditeur: Les pièces inspirées par Mark Chronic sont des copies uniques et sont destinés à un usage personnel.)

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Another snowy Montreal day – probably the first time in a year I consider wearing boots, but never that. Air Force 1s it is, high tops not the mids. It’s a bit of a trek to Longueuil, but knowing the metro dips under water as it crosses the St. Lawrence River somehow makes the trip a little fantastical. I’m going over pre-interview notes when I spot someone wearing a pair of black and white Jordan 9s. I lean in and squint at the eyelets, trying to determine whether it’s the 2010 retro or a pair from the countdown pack. To my knowledge, the first lace hole is the only minor difference between the two releases. My iPod jumps to Sean Carter’s Where I’m From. Eyes compulsively focused on the kicks, I catch the one line that’s hard to miss: “Who’s the best MCs? Biggie, Jay-Z, or Nas?” 

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A few weeks prior, I spoke with Roxanne’s best friend, Emily, who suggested a slight variation on the lyric: Roxanne apparently has a thing for Channing Tatum, Joel Ortiz, and B.I.G. Equipped with this privileged information, I was set on pulling a Nardwuar and pressuring the sneaker sales rep into picking a favorite – the one she’d basically settle down with if given the chance. It’s not the type of question you ask someone you barely know, particularly when the context of the interview is footwear. There was something about Roxanne’s hospitality though that set the tone for a relaxed and homey session. The afternoon’s highlights included Em’s infamous grilled cheese sandwiches and a failed half hour attempt at fixing a busted espresso machine. Under the circumstances, how could I not ask?

Roxanne Porlier and I first connected last summer when C’mon Feet was still a half-written proposal for an exhibit. She had offered to help secure display stands and, as a result, was one of the first people to help the project get rolling. Silly as it may sound, what stood out most to me about our earlier text exchanges was the she used near perfect diction – no spelling errors, no abbreviations, and rarely a missing accent. “It’s important,” the 24-year-old explained when I pointed out her flawless syntax. “The way you write is a reflection on how you think and how diligent you are in general.” It came as almost no surprise when she later informed me she used to be a schoolteacher. Her passion for sneakers enabled her to bond with teens whose behavior other instructors labeled problematic. Whether she was rocking Jordans or unlaced Timberlands, Roxanne’s choice of kicks endeared her to students and helped them reimagine what authority could look like.

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Catching the right breaks at the right time, Roxanne eventually landed a job with a sneaker company, starting in marketing and moving to sales. “I always joke that I worked my way down from head to foot,” she says. There’s no dumbing down in anything the distance runner does though. Her two-story condo is a cultural mish mash of worlds that might appear to clash if taken at face value. A flyer for a hardcore show at Café l’Inco rests next to a Miles Davis Kind of Blue LP. Mimicking Mark Chronic's artwork, she infuses Hip Hop into popular culture staples like Charles Schulz's Peanuts comic strips. Heels line up by rows of sneakers. “When they’re not wearable anymore, I tend to keep them, maybe put them on a shelf somewhere,” she shares, referring to older kicks with little life left. “They’re like a reflection of your life experiences. They’re a part of who you are. (…) I get really attached to them, even though they’re just material objects.”  

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(Editor's note: The Mark Chronic inspired pieces are 1/1 copies and are intended for personal use only)

Nike Air Max 90 OG Infrared OTH

C'est une belle semaine pour les sneakers Nike à la boutique, avec quelques unes des paires les plus iconiques qui sortent juste à temps pour l'été.

On commence en force, avec une silhouette classique de Tinker Hatfield, la Air Max 90 OG Infrared. Elle sera disponible à la boutique dès jeudi matin en quantité très limitée. La version Infrared de la Air Max 90 est grandement considérée comme une des paires iconiques du monde des sneakers. La paire sera certainement très convoitée, donc soyez à la boutique de bonne heure pour prendre votre paire!

Un autre classique, la Jordan 1 Chicago, sera mis en vente ce samedi. Bien entendu, la Jordan 1 est une silhouette iconique et lorsqu'elle est déclinée dans un colori original la paire devient encore plus spéciale. On suggère que vous prenez quelques heures d'avance pour vous assurer d'avoir une paire.

De plus, la Nike Air Presto, une silhouette conçue pour faire au pied comme un t-shirt fait au corps, est de retour juste à temps pour l'été. Et mesdames, si vous avez lus jusqu'ici, on a une bonne nouvelle pour vous : deux paires la Nike Air Max 1 Ultra SP seront disponibles à la boutique. Les deux paires se voient déclinées en jacquard, une rouge et une noire.


It's a big week for Nike drops at the shop, with some of the most iconic sneakers being re-released just in time for summer.

For starters, Tinker Hatfield's iconic Air Max 90 OG Infrared colourway will be dropping on Thursday morning in very limited quantities. Some would argue that the Infrared version of the Air Max 90 is one of the most famous sneakers of all time, and they wouldn't be wrong. The shoe will surely be one of the hottest of year, so be at the shop early to grab your pair!

Another classic, the OG Chicago colourway of the Jordan 1, will be dropping on Saturday morning. Of course, the Jordan 1 is an iconic silhouette on its own, but when it gets the OG colourway treatment it deserves extra attention. The release will be extremely limited and you should plan to be in line overnight to secure your pair.

Sandwiched between those two classic shoes are a pair of other noteworthy Nike releases. The Nike Air Presto, a shoe designed to fit your foot like a t-shirt fits your body, makes its return just in time for summer. For the ladies, the Nike Air Max 1 Ultra SP pack features two jacquard patterned Air Maxes, one red and the other black. 

Nike Air Presto OTH
Air Jordan 1 Chicago OTH
Nike WMNS Air Max 1 Ultra SP OTH

English version follows French.

Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill

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C'mon Feet Chris Chiu OTH Banner
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C’mon Feet parle de lieux, d’espaces et des gens qui les occupent. Avec le temps, Le Petit Hôtel sur Saint Paul est devenu une sorte de hub créatif pour le crew et moi. La sœur de Yassin, Hala, a écrit le scénario de Bêtes Humaines dans le café du lobby de l’hôtel. J’ai écrit la majeure partie de ma thèse, sur trois ans, à ce même endroit, en passant - je l’avoue - un nombre infini d’heures à fixer la peinture murale d’En Masse qui couvre le mur incliné au fond de la salle. L’été dernier, pendant une rare pause de ses responsabilités managériales, Mathieu Bourgoyne s’est arrêté près de mon espace de travail pour discuter. Il m’a demandé si ça m’intéresserait d’utiliser la salle à l’entrée de l’hôtel pour quelque chose en lien avec les baskets. « Un pop-up shop, une exposition de collection, ce que tu penses pourrait fonctionner », il suggéra. 

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Finalement, nous avons décidé de faire une expo qui met en avant les fans de sneakers de Montréal. Chaque participant devait choisir une paire de sneakers de leur collection pour l’exposer. Au dessus des chaussures, il y aurait un portrait de la personne ; en-dessous une petite histoire à propos de ce qui rend ces chaussures en particulier spéciales. Dans les mois qui suivent, le projet s’est transformé en C’mon Feet. Quand Christopher Chiu a accepté de participer au projet, il m’a demandé si je pouvais choisir un spot  pour notre entrevue. Je ne pouvais pas penser à un meilleur endroit que celui où tout à commencer. Le fondateur de KicksMTL s’inquiétait d’autre chose. « Combien de paires dois-je apporter ? », il m’a texté. J’ai fait exprès de rester vague, pour le laisser décider mais j’ai eu une mini crise cardiaque la nuit avant notre rencontre. Qu’est-ce que je fais s’il arrive avec une décevante petite sélection ?

Ne jamais remettre en question un homme qui co-gère un blog qui s’appelle The Brag Affair.  Je déguste un espresso quand Chris débarque avec deux sacs marins remplis de tellement de chaussures que les coutures allaient exploser. C’est comme s’il avait ressenti mon soulagement mal dissimulé. Il sourit, confiant et modeste malgré le nom de son site de sneakers. « Il y en a encore », il me fait savoir. On marche vers son mini-van de l’autre côté de la rue, la porte arrière s’ouvre et je vois d’autres sacs tous installés dans leur propre siège auto. La symbolique ne m’échappe pas. Je pense à Cristina qui appelle ses baskets ses bébés, quelque chose que la plupart des fans de sneakers, moi inclus, ont fait à un moment ou un autre. Chris est plutôt réservé mais quand il parle de sa famille ça me rappelle que comparer des chaussures à sa progéniture devrait probablement être réservé à ceux d’entre nous qui ne sont pas encore parents. « Ma femme est une sainte », il me confie en parlant de la division des tâches ménagères. « Elle s’occupe de tout et elle tolère mon obsession des baskets ». 

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Au fur et à mesure que la discussion avance, ce qui me frappe c’est à quel point Chris est une personne sincèrement attentionnée. Dans une culture qui valorise souvent la concurrence et l’excès, où les conversations virent souvent vers qui a la plus grande collection et qui a le plus de perles, le bloggeur à la voix douce est concerné par la construction communautaire en ligne et virtuelle. Il utilise les médias pour promouvoir les collectionneurs locaux et informer ses pairs des soldes et organise aussi des rencontres mensuelles pour que ses « followers » se rencontrent en personne. Chris a appris une leçon importante quand il est tombé sur une paire de Adi-Rose à la solderie Adidas de Boucherville à 16$. Il a posté une photo de sa trouvaille sur le forum Sole Collector et a observé le « thread » engrangé, de façon inattendu, une quantité surprenante de trafic. « C’est là que j’ai eu mon premier moment de célébrité sur Internet, si on peut appeler ça comme ça », Chris pense en prenant une petite pause.  « Ce n’est pas vraiment de la célébrité (…) mais ça m’a donné une idée de ce qu’on peut faire avec très peu ».  

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C’mon Feet is about places, spaces, and the people who occupy them. Over time, Le Petit Hotel on St. Paul has become something of a creative hub for the crew and me. Yassin’s sister, Hala, wrote the script for Bêtes Humaines in the hotel lobby’s café. I penned the majority of my doctoral dissertation, over a 3 year stretch, in that same spot – admittedly spending countless hours staring at the En Masse mural that covers a slant wall in the back. Last summer, on a rare break from his managerial duties, Mathieu Bourgoyne stopped by my workspace for a quick chat. He asked if I’d be interested in using the front room by the hotel’s entrance for something sneaker-related. “A pop-up shop, a collection display, whatever you think would work,” he suggested. 

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Eventually, we agreed to hold an exhibit spotlighting Montreal sneaker enthusiasts. Each of the participants would choose a pair of kicks from their collection to be on display. Above the pair would be a portrait of the person; below, a short story about what makes those specific kicks noteworthy. In the ensuing months, the project morphed into C’mon Feet. When Christopher Chiu agreed to join the project, he asked if I might pick a good spot for our interview. I couldn’t think of anywhere better than the very place where this all started. The founder of KicksMTL had one other concern. “How many pairs should I bring?” he texted. I was purposely vague, leaving it up to him to decide, but had a mini-panic attack the night before we met. What if he shows up with an underwhelming selection?

Never doubt a man who co-runs a blog called The Brag Affair. I’m sipping on an espresso when Chris shows up with a pair of duffle bags stuffed with so many kicks the seams were ready to burst. It was as if he’d sensed my thinly veiled relief. He smiles, confident and, despite his sneaker site’s name, ever so humble. “There’s more,” he lets me know. We walk to his mini-van across the street, the back door slides open, and I see a couple more bags each nestled in its own baby seat. The symbolism is not lost on me, as I think back to Cristina referring to her sneakers as her “babies” – something most other sneaker enthusiasts, including myself, have done at some point or another. Chris is fairly private but when he speaks about his family, I am reminded that likening shoes to offspring is probably best reserved for those of us who are not yet parents. “My wife is a saint,” he shares, referring to the division of household responsibilities. “She takes care of everything… and she tolerates my sneaker obsession.”

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As we delve deeper into conversation, what strikes me is how genuinely thoughtful an individual Chris is. In a culture that often values competition and excess, where discussions sometimes degenerate into whose collection is bigger and who owns more “heat,” the soft-spoken blogger is concerned with community building, both online and virtual. He uses social media to promote local collectors and inform his peers of sales he comes across, but also organizes monthly meets for his “followers” to connect in person. Chris learned a valuable lesson when he stumbled on a pair of Adi-Rose samples at the Boucherville Adidas outlet for a tidy $16. He posted pictures of his find on the Sole Collector forum and watched the thread unexpectedly garner an inordinate amount of traffic. “That’s where I got my first taste of Internet fame, if you can call it that,” Chris reflects, with a momentary pause. “It’s not real fame (…) but it gave me a sense of what you could do with very little.”  

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Survival Kit May 22 OTH

Le survival kit de cette fin de semaine est presqu'un cours sur la mode popularisée par les musiciens "grime" tels que Skepta, JME, et Dizzee Rascal. Commencez avec les sneakers, soit une paire de Nike Air Max 90, jumelée avec une paire de pantalons Chapter. Optez ensuite pour un pull Reigning Champ avec un imperméable Rains pour vous garder au sec. Complétez le tout avec une casquette Nike blanche.

Passez à la boutique dès aujourd'hui pour prendre tout ce qu'il vous faut pour ce look!


Not only will this weekend's survival kit have you covered regardless of the weather, but it's also a crash course on the style that grime acts like Skepta, JME, and Dizzee Rascal have popularized. Start from the bottom up with a pair of all-white Nike Air Max 90s, paired with a pair of lightweight pants from Chapter. Up top, we recommend a three-quarter sleeve Reigning Champ top and a waterproof Rains jackets. Cap the look off with a white Nike 5 panel. 

Come by the shop today to grab everything you need to rock the look!

English version follows French.

Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill

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C'mon Feet Dylan Adair OTH Banner
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J’ai couru dans le magasin Simon pour m’accorder une pause du froid de février. Pendant que je me baladais dans les allés, je reçois un appel de Cristina que je n’avais pas encore rencontré à ce stade. Elle a appelé pour avoir un peu plus d’informations sur le projet et pour effacer toute tension potentielle avant l’entretien. On a commencé par parler de qui avait accepté de participer au projet, quand elle demande si Dylan est sur la liste. Je m’arrête un instant avant d’admettre que je ne savais pas qui Dylan était. « Mec…t’es rien sans Dylan », elle crie à moitié en insistant bien sur « rien ». Je ne pouvais évidemment pas déconner et prendre le risque de n’être rien, donc j’ai demandé à Cristina de me mettre en contact avec lui. Après quelques emails, mon gars était sincèrement inquiet de ne pas avoir assez pour contribuer au projet- le premier exemple parmi plusieurs de sa diligence pour la recherche de la qualité. Alors on a fixé un rendez-vous téléphonique rapide pour clarifier les choses. 

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Ce qui devait être un appel rapide a fini par être une discussion captivante de presque une heure et demi. On a commencé avec des généralités : silhouettes préférées, le temps passé avec Triple 5 Soul et Tinker. Il y a de l’enthousiasme dans la voix de Dylan Adair lorsqu’il parle de son admiration pour le designer responsable chez Nike et l’emblématique gamme Air Max de Hatfield. Les premières discussions t’apprennent beaucoup sur une personne. La plupart des fans de sneakers, par exemple, associent la Air Trainer 1 avec Bo Jackson. Dylan les appelle les « McEncores ». A l’entendre, je me suis dit qu’il avait grandi avec les sports de raquette, ce qu’il a confirmé en m’avouant que son père était un joueur de squash semi-professionnel. L’indigène de Montréal a une affinité particulière pour la semelle segmentée de la Air Stab, se sent bizarre en chaussure de basket et se méfie des phénomènes de mode. « Je suis tellement content de ne jamais avoir porté des Bape », il avoue. Une fois que la fierté dans sa voix s’estompe, j’entends de l’eau coulée et le bruit d’assiettes. Je lui demande s’il faisait la vaisselle tout ce temps. « Non...je prépare le dîner pour les filles », il répond, avec, j’imagine, un petit sourire.

Quelques semaines plus tard, je rencontre Dylan dans son bureau à Saint Henri pour notre shoot et entretien. Le gars avait rempli le coffre d’une mini-van de boîtes de sneakers. Des Curry Air Max 1, Neon 95 et Michigan Dunk pour son amour des Wolverines. Il y a une citation écrite à la craie sur l’un des murs : « l’excellence n’est pas un acte, c’est une habitude ». La phrase représente une philosophie que Dylan et sa femme Mia ont adoptée et appliquée à Archer Hard Goods, leur entreprise familiale. Alors qu’on parle de tissus et de son amour pour les SB, le designer roux me fait cadeau d’un autre bijou, celui-ci de Voltaire : « qui plume a, guerre a ». Dylan explique que notre façon d’écrire et de parler, d’interagir et de modeler nos vie, est une bataille pour fournir de la clarté, de l’information et du pourvoir à ceux qui nous entourent. C’est pourquoi on a le sentiment d’être en guerre lorsqu’on parle.    

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Je commence à mieux comprendre ce que Cristina voulait dire. Voilà un homme qui a pris une paire standard de Blazer et l’a remodelée pour en faire un hommage à Joy Division pour Sneaker Pimps Montréal. On a parlé de la basket, de ce qu’elle représentait pour lui et de comment un projet personnel a attiré tellement d’attention sur internet et généré une telle controverse. Dix ans plus tard, Dylan les a encore les chaussures. Ces sneakers, qu’il garde dans une boite en bois sur mesure, sont le fruit d’un dur labeur. Il a demandé à un ami de graver au laser les premières paroles d’une chanson intitulé « Insight ». Le choix des mots, mélancoliques et pourtant pleins d’espoir, sont le reflet de la personnalité de Dylan - un individu qui a réussit à trouver une profondeur d’esprit tout en gardant une certaine exubérance et jeunesse. Combien de personnes dans leur quarantaine changeraient de basket 3 fois pendant une session de 4h ? Même chaussure, différentes couleurs. 

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I ran into Simon’s department store for a quick reprieve from the February cold. As I aimlessly wander the isles, I get a call from Cristina, who at this point I hadn’t actually met yet. She rang to get a bit more info on the project and break any potential pre-interview ice. We began discussing who else had agreed to participate, when she asked if Dylan was on the list. I paused, before admitting I didn’t know who Dylan was. “Dude… you’re nothing without Dylan,” she half-yelled, putting some elbow grease into that “nothing.” I damn sure couldn’t mess around and risk being nothing, so I had Cristina put me and him in touch. A few e-mails in, my man was genuinely concerned about whether he had enough to contribute to the project – the first of many examples of his diligence in the pursuit of quality. So we set up a quick phone meeting to iron things out.

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Quick ended up being a very free-flowing and engaging hour and almost a half. We started with broad brushstrokes: favorite silhouettes, his time with Triple 5 Soul, and Tinker. There’s a spark in Dylan Adair’s voice when he talks about his admiration for Nike’s head designer and Hatfield’s iconic Air Max line. You can find out a lot about a person in that first conversation you share. Most sneaker lovers, for example, associate the Air Trainer 1 with Bo Jackson. Dylan refers to them as the “McEncroes.” Hearing him say that, I assumed he grew up around racket sports, which he confirmed when he mentioned his father was a semi-professional squash player. The Montreal native has a particular affinity for the segmented sole on the Air Stabs, feels funny wearing basketball shoes, and is generally suspicious of popular trends. “I’m so glad I didn’t drink the Bape Kool Aid,” he tells me. Once the pride in his voice subsides, I hear water run through a faucet and the clanging of plates. I ask if he’d been doing dishes this whole time. “No… I’m making dinner for the girls,” he responds, with what I imagine might have been a smirk.

A few weeks later, I meet Dylan at his office in St Henri for our shoot and interview. This dude had filled the back of a mini-van with a stack of sneaker boxes. Curry Air Max 1s, Neon 95s, and Michigan Dunks for that “Go Blue!” love. There’s a quote handwritten in chalk on one of the walls: “Quality is not an act, it’s a habit.” The phrase represents a life philosophy that Dylan and his wife Mia have embraced and subsequently applied to Archer Hard Goods, their family business. As we chat about fabrics and his love for SBs, the red-headed designer blesses me with another gem, this one from Voltaire: “Qui plume a, guerre a.” Dylan explains that as we write, speak, and interact with one another, as we design our respective lives, we are engaged in a relentless battle to provide clarity, information, and power to those around us. Ultimately, when we speak we are at war.

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I begin to get a better sense of what Cristina meant. This is a man who once took a general release Blazer and refashioned it into a tribute to Joy Division for Sneaker Pimps Montreal. We talked about the sneaker and what it meant to him. How what began as a passion project gained so much online traction and generated controversy. Ten years later, Dylan still has the shoes, which he keeps in a custom wood box. They are a true labor of love. On the Nikes’ swoosh, he had a friend laser etch the opening lyrics to a song fittingly titled “Insight.” The choice of words, melancholic yet somewhat hopeful, are a reflection of Dylan’s character – a thoughtful individual who’s nurtured a depth of spirit balanced with exuberance and youthfulness. How many 40 some odd year olds would change sneakers three time during the course of a 4-hour session? Same shoe too, just different colorways. 

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English version follows French.

Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill

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C'mon Feet Ana Cristina Mendoza Banner
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C’était le premier entretien et photo shoot qu’on a fait pour C’mon Feet. Je n’avais jamais rencontré Cristina mais on s’était eu au téléphone plusieurs fois après que Yassin m’a recommandé de l’inclure dans le projet. Il ne sait pas exactement ce qu’elle fait dans la vie, mais il sait qu’elle bosse dans le design, qu’elle aime les sneakers et qu’elle a des histoires à n’en plus finir. J’ai rencontré notre mystérieuse « fashionista » un jour d’hiver typiquement montréalais où on voit la neige tomber horizontalement. Je ne sais pas exactement comment ni où les flocons touchent le sol, mais évidemment ils le font. Petit à petit, la ville nous fait penser au bureau de Tony avant qu’il nous introduise à son « petit pote. » Le temps que j’arrive chez Cristina les escaliers qui mènent à son appartement représentent un tel risque que je maudis l’hiver et les marches glissantes d’un même souffle gelé. Au moins, ce ne sont pas les escaliers en colimaçon.

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J’arrive en haut, je sonne et je remarque un autocollant sur la porte : « attention au chien ». Au moment où je rentre, je suis accueilli par Carlito Suavé, un bulldog victorien de Biscayne, et C-Dawg Playboy, un Jack Russell écossais que Cristina a adopté à Dubai. Pour quelqu’un d’origine Espagnole, Aztèque, Italienne et Libanaise, rien d’étonnant à ce qu’elle partage sa maison avec deux chiens internationaux. Le couloir d’entrée mène à une autre volée de marches. Celles-ci vous conduisent à une chambre avec une table en bois de chêne. A droite, il y a ce qui semble être un dressing avec tout un tas de SB éparpillées dans le coin. « Je n’ai jamais vu une paire de Hunters aussi petites », je me suis dis. C’est là que Cristina sort, une paire de Blazer avec un pony hair swoosh aux pieds – un 5,5 homme je découvre plus tard.

Ana Cristina Mendoza échappe à toute définition ou catégorisation qu’on pourrait lui imposer. Son attirance pour la mode est enracinée dans le rythme effréné de l’industrie. « Ca bouge toujours, ça évolue, ça change et ce n’est jamais immobile…et je pense que c’est dans mon sang. Je suis né avec »,  elle m’explique en racontant son parcours nomade. Après avoir écouté son entretien, Yassin m’envoie un email. « Je ne sais toujours pas ce que Cristina fait »,  il admet. Mais, je suis sûr que c’est le but. Cristina se connait assez bien pour savoir exactement ce qu’elle fait et vers quoi elle se dirige. Elle semble être quelqu’un avec de grandes aspirations, le talent pour les réaliser et toute l’intention du monde de le faire. J’ai comme l’impression que son imprécision et sa réserve occasionnelle sont des techniques de défense pour ne pas être bloqué dans les perceptions des autres de qui elle est et de ce qu’elle représente. Dans un sens, c’est ironique qu’elle n’ait pas gardé une seule de ses boîtes de sneakers. 

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Cristina a un avis unique sur les chaussures, faisant souvent référence aux structures de la mode, l’architecture des sneakers, ou la construction d’une chaussure. Malgré son affinité pour le changement, l’amour de la latino-libanaise pour les baskets émane de la constance qu’elles lui procurent. « Elles sont fidèles », insiste-t-elle. « Je veux dire regarde…une femme grossie, et elle perd du poids, ensuite elle redevient un peu boulotte, mais tu sais quoi ? Ta chaussure te va toujours. » C’est cette fiabilité qui a permis de créer un lien entre Cristina et ses pompes. Elle traite ses baskets comme l’incarnation de certains moments de sa vie, qu’ils soient doux, aigres, ou aigres-doux. Du voyage au travail, des relations aux souvenirs d’enfances, Cristina a des histoires pour chaque paire. Il me semble qu’on l’a vu pendant une phase de transition dans sa vie – une phase symbolisée en quelque sorte par son éloignement des baskets pour entrer dans l’univers des chaussures à talon. Elle a eu les larmes aux yeux quand elle s’est mise à penser à ce que les SB, Jordan et Diamond Turf représentent pour elle. Ce tremblement momentané dans sa voix pendant qu’elle nous parlait de ses « bébés » était un beau moment, émouvant, l’un des plus authentique que nous ayons vécu sur ce projet.

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 Note de l’éditeur : pour information, je me suis cassé la gueule sur ses escaliers en descendant.

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This was the first interview and shoot we did for C’mon Feet. I had never met Cristina, but we’d spoken on the phone a few times after Yassin had recommended I include her in the project. He couldn’t tell me exactly what she did, but knew she was in design, loved her some sneakers, and had stories for days. I linked with our mystery fashionista on one of those Montreal winter days where you look out the window and see snow “falling” horizontally. I’m still not sure how or where the flakes ever hit the ground, but they obviously do and have the city looking like Tony’s desk before we say hello to his “little friend.” By the time I get to Cristina’s, the staircase leading up to her apartment poses enough of a hazard that I curse the winter and the slippery steps in the same frozen breath. At least they’re not the windy ones.

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I get to the top, ring the doorbell, and notice a sticker on the front door: “Beware of Dog”. As I walk in, I’m greeted by Carlito Suavé, a Victorian Bull Dog from Biscayne, and C-Dawg Playboy, a Scottish Jack Russell Cristina adopted in Dubai. Sharing a home with two international canines seems only fitting for someone whose cultural background is a mix of Spanish, Aztek, Italian, and Lebanese. The hallway entrance connects to another flight of stairs. These ones take you up to a room with a solid oak dining table. To the right is what seems like a walk-in closet with a bunch of pink box era SBs scattered in the corner. “I’ve never seen a pair of Hunters so small,” I thought to myself. That’s when Cristina steps out, rocking a pair of Blazers with a pony hair swoosh – a men’s size 5.5 I would later find out.        

Ana Cristina Mendoza eludes any definition or categorization you might impose on her. Her attraction to fashion is rooted in the industry’s relentless pace. “It’s always moving, and evolving, and changing, and never being still… and I think it was in my blood. I was born with it,” she explains while recounting a nomadic upbringing. After listening to her interview, Yassin shot me an email. “I still don’t know what Cristina does,” he admitted. I’m pretty sure that’s the point though. Cristina is self-aware enough to know exactly what she’s doing and where’s she headed. She strikes me as someone with great aspirations, the talent to live up to them, and every intention of banking on that promise. I get the sense that her occasional vagueness or aloofness is a defense tactic against being trapped in other people’s perceptions of who she is and what she’s about. In a way, it’s ironic and telling that she hasn’t kept a single one of her sneaker boxes.

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Cristina has a unique take on footwear, often referring to the mathematics of fashion, the architecture of sneakers, or the construction of a shoe. Despite her affinity for change, the Lebano-Latina’s love for sneakers comes from the consistency they provide her. “They’re loyal,” she insists. “I mean look… a woman gets fat, and she looses weight, and then she gets a bit plumpier again, but you know what? Your shoe will always fit you.” It’s this reliability that helped create a bond between Cristina and her kicks. She treats her sneakers as the embodiment of certain phases in her life, whether sweet, bitter, or bittersweet. From travels to travails, relationships and childhood memories, Cristina has stories to fit every pair she owns. We seemed to catch her at a transitional point in her life – one symbolized, in some ways, by her move away from sneakers into the world of heels. She got misty when reflecting on what her SBs, Jordans, and Diamond Turfs meant to her. That momentary crack in her voice as she spoke to us about her “babies” was beautiful, touching, and one of the more genuine moments we experienced on this project.

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 Editor’s note: For the record, I busted my ass on those stairs on the way down.

 

Survival Kit May 8 OTH

Cette fin de semaine, optez pour un t-shirt Manheight, le Cycling Pant de Muttonhead et une nouvelle paire de Stan Smiths. Complétez le tout avec une paire de lunettes de soleil signée SUPER, et un porte-feuille Tanner Goods! 


This weekend, opt for a Manheight Manufactured Goods Tee, Muttonhead's classic Cycling Pant, and a fresh pair of Stan Smiths. Complete the look with some SUPER sunglasses and a wallet courtesy of Tanner Goods!

English version follows French.

Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill
Episode 1 - Yassin Alsalman

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On est dans le studio chez Michael, entrain de fouiller sa caverne aux trésors remplie de vinyles, d’objets de collection de basket et de sneakers classiques. Je remarque deux paires de Barkley Air Max 94 – une haute, une basse, les deux aux couleurs des Phoenix Suns, celles de l’équipe en visite. Au moment où je repère les baskets à l’allure d’un tank, les premières à utiliser le système auto-lace Nike, j’ai le sentiment d’avoir 15 ans à nouveau. Sir Charles avait marqué 56 contre les Warriors dans le premier round des playoffs. Sprewell était toujours chauve à l’époque et n’avait pas encore étranglé son coach.  Quand Michael me fit signe de la tête, je sors de ma transe et regarde la photo qu’il me montre sur son téléphone. « C’est ça qui compte », dit le DJ à la radio. Je me penche et je vois une photo de son frère aîné David, entouré de ses amis et de sa famille, content, tenant une paire de Stan Smith – les blanches avec le talon vert. On peut dire que généralement les baskets sont hors de prix, mais rien ne vaut le sentiment de redevenir adolescent à 50 ans.  « Il les adorait quand il était plus jeune », dit Michael. « Il a tout fait dans ces baskets. Il les avait porté jusqu'à ce qu’il ne restait presque plus rien ». Quand adidas a ressortit la chaussure de tennis classique, le DJ de CKUT savait que ce serait le cadeau d’anniversaire parfait pour son frère. « Je suis presque sûre que D. les a porté pour dormir ce soir-là, comme on le faisait quand on était gosse et qu’on avait de nouvelles pompes. »

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Un collectionneur bloqué dans les années 90, l’attachement de Michael « Pro-V » Pantin à la famille, aux proches et au crew, est profond. Quand je commence notre entretien en demandant à l’originaire de Notre-Dame-de-Grace de se présenter, il mentionne brièvement ses deux émissions radio : Off The Hook et All Da Way Live. Par contre, il passe presque plus de temps à parler des amis envers lesquels il se sent redevable, de DJ Buddha Blaze et Flow, à Widget et Tokyo Kid. « Faut que tout le monde sache », explique Pro. Après avoir fini l’entretien, je demande à Michael quelles parties on pourrait peut-être supprimer. Il répond sans hésiter : « Quoique tu fasses, tu dois garder la partie à propos de Mike la dedans. C’est mon frérot. Il m’a beaucoup appris. » Il faisait référence à son pote Michael DSK avec lequel il a partagé d’inoubliables moments à la recherche de l’ultime « sneaker high ». Pro-V insiste à partager toute reconnaissance qu’il reçoit avec les quelques choisis qu’il garde proche de lui. Ce genre de chose en dit long sur sa personne. « La communauté. Je veux dire sans ça, tu n’as pas grand chose. »

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Quand Michael était plus jeune, ses parents et lui faisaient un voyage annuel à New York pour assister au Carnaval antillais du Labor Day. Les Pantins, de descendance Trinidadienne, partaient un jeudi, prenaient la route pour 7h vers le sud, et séjournaient souvent dans le même appartement à louer, au croisement de Nostrand et Church. Ces visites ont exposé le jeune Pro-V à des univers culturels qui bourgeonnaient encore à Montréal. Les sneakers, le basket, le hip hop ; il a tout observé et absorbé. Michael se souvient de se promener dans les rues de Brooklyn, les yeux rivés au sol, dans l’espoir d’un aperçu des Garnetts ou des Iversons sur les pieds d’un quelconque piéton. Il partage ses souvenirs en feuilletant « The best of the NBA » (Le meilleur de la NBA) de Jack Clary, à la recherche d’une paire player edition des Barkley Air Force Max qu’il avait hâte de me montrer. Une petite carte glisse du livre et tombe par terre ; c’est probablement une carte que Michael utilisait comme marque page. Pro la ramasse, la retourne et sourie. « Voila une carte qui a changé le cours du basket », dit-il. Je jette un coup d’œil à l’objet de collection Upper Deck. C’est Vlade Divac qui tient un maillot Charlotte Hornets. On rit ensemble, en même temps, je m’imprègne de ce qui m’entoure. « J’aime bien ce que tu as fait ici », je lui avoue en faisant référence aux rares trésors amassés au fil des années. « C’est le hip hop », répond-il. « Tout ça c’est le hip hop. C’est tout ça…du basket, aux sneakers, à tous les albums que tu vois. Tout est connecté. C’est pour ça que tout est là. » 

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We’re in Michael’s home studio, sifting though a treasure vault of records, sports collectibles, and classic sneakers. I notice two pairs of Barkley Air Max 94s – one high, one low, both in the Phoenix Suns road colorway. The moment I spot the tank-like kicks, the first to use Nike’s auto-lace-loop system, I’m suddenly 15 again. Chuck had torched the Warriors for 56 in the first round of the playoffs. Sprewell was still bald then and had yet to choke his coach. When Michael gives me a nudge, I snap out of my trance and look over to the photo he is showing me on his phone. “This is what it’s all about,” he says. I lean in to see a picture of his older brother David, surrounded by friends and family, gleefully holding a pair of Stan Smiths – white with the green heel tab. You can argue that sneakers are generally overpriced, but there’s no dollar tag you can put on anything that makes a 50 year-old feel like an adolescent again. “He used to love those when he was younger,” Michael says. “He did everything in those kicks. Rocked them ‘til there was almost nothing left.” When Adidas reissued the classic tennis shoe, the CKUT DJ knew they would make a perfect birthday gift for his big brother. “I’m pretty sure D. wore them to bed that night, the way we did when we were kids and got new kicks.”

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A hoarder trapped in a 90s time warp, Michael “Pro-V” Pantin’s attachment to family, both kin and crew, runs deep. When I start our sit-down by asking the Notre-Dame-de-Grace native to introduce himself, he only briefly mentions his two radio shows, Off The Hook and All Da Way Live. Instead, he spends almost more time speaking about the friends he feels indebted to, from DJ Buddha Blaze and Flow, to Widget and Tokyo Kid. “Just have to let everybody know,” Pro explains. After warping up, I ask Michael which parts he would feel comfortable editing out. He replies without any hesitation. “Whatever you do, you gotta keep the part about Mike in there. That’s my guy. He taught me a lot.” He was referring to his surrogate brother, Michael DSK, who he’s been on memorable hunts with in search of the ultimate sneaker high. Pro-V is intent on sharing whatever shine he receives with those special few he keeps close and that sort of thing says a lot about the kind of cat he is. “Community. I mean, without that, you don’t have a whole lot.”

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When Michael was a teen, he and his parents made a yearly trip to New York to attend the city’s West Indian Carnival every Labor Day. The Pantins, who are of Trinidadian descent, would leave on a Thursday, take the 7 hour drive south, and often stayed at the same rental apartment on Nostrand and Church. These visits exposed a young Pro V to cultural worlds that were still burgeoning in Montreal. Sneakers, hoops, Hip Hop; he observed and absorbed it all. Michael recalls walking Brooklyn streets, eyes to the ground, hoping to catch a glimpse of Garnetts or A.I.’s on a random pedestrian’s feet. He shares these memories while paging through Jack Clary’s “The best of the NBA”, looking for a pair of player edition Barkley Air Force Maxes he had been itching to show me. A small card, perhaps one Michael had been using as a page mark, slips out the book and onto the floor. Pro picks it up, flips it over, and cracks a smile. “Here’s a card that changed the face of basketball,” he says. I take a glance at the Upper Deck collector’s item. It’s Vlade Divac holding up a Charlotte Hornets jersey. We share a deep laugh, as I take in my surroundings. “I like what you’ve built here,” I admit, referring to rare memorabilia Pro has amassed over time. “It’s Hip Hop,” he responds. “It’s all Hip Hop. It’s everything… From basketball, to sneakers, to all the albums you see. It’s all connected. Everything is connected. That’s why it’s all here.” 

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Pour relancer la Manteca cette année, DC a fait équipe avec atmos, le magasin hyper-populaire de streetwear japonais, pour créer une version limitée de la paire. Quand à nous, on a fait équipe avec Louie P pour prendre quelques photos de la Manteca dans son environment naturel.

La DC x atmos Manteca est déclinée en deux coloris, à savoir en bleu et en rouge, et est maintenant disponible à la boutique et en ligne en quantités limitées. 


To relaunch the Manteca in 2015, DC has teamed up with atmos, the popular Japanese streetwear store, to create a limited edition version of the shoe. On our end, we teamed up with Louie P to snap a few photos of the Manteca in the wild.

The DC x atmos Manteca comes in both tonal blue and tonal red and is now available in limited quantities at the shop and online.

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Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill

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Abu Dhabi du milieu des années 90 était un endroit tranquille où grandir. Le sport était le principal passe-temps ainsi que trainer dans le parking de Burger King, baptisé par les locaux Westside Khartoum parce que les ados qui y squattaient étaient des Soudanais habillés comme 2Pac. Eldorado, le premier cinéma de la ville, a ouvert ses portes en 1994, avec Keanu Reeves et Dennis Hopper dans Speed : le seul film à l’affiche pendant deux bons mois. Un soir, pendant qu’un groupe d’entre nous attendait le film, le frère de mon amie Yasmine passe avec un des ses camarades que je n’avais jamais rencontré. « C’est Yassin », dit-elle, en me donnant un petit coup de coude et me montrant du doigt un ado à la chevelure frisée, la jambe cassée, clopinant sur des béquilles. « Vous devriez passer du temps ensemble. Je pense que vous vous entendrez bien ».

Nous voilà, Yassin Alsalman et moi, vingt-et-un ans plus tard, dans un placard étroit dans son appartement Montréalais. L’homme, que la plupart connaissent sous le nom de « The Narcicyst », est debout sur un tabouret, une boite de sneakers dans chaque main. Il est à la recherche d’une paire de Pewter Jordan 1 qu’il veut nous montrer pour le shoot et me demande de garder un œil sur Shams - soleil en arabe - son bébé de 22 mois. Le petit bonhomme est vautré sur le tapis dans le séjour.  Il est lancé dans une bataille avec un sac plastique à zip fermé contenant une paire d’adidas Jeremy Scott. Les noirs avec les gorilles. « Shamoussy », je balance sur un ton joueur. Il lève la tête. Nos regards se croisent. « Addou », il déclare et répète, après une petite pause. Je ne sais pas ce qu’il essaye de dire, mais il est déterminé à s’emparer du jouet poilu à travers le plastique. « Je les ai acheté pour lui », explique Yassin en attrapant les sneakers que son fils ronge maintenant. « Je me suis dit que je les mettrai le jour de son anniversaire quand il sera un peu plus grand. Pour le rendre dingue. » Si la musique de Wu-Tang est pour les générations futures, la musique de Yassin et son art sont pour Shams – et d’autres enfants à travers Shams.

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Professeur en média et études culturelles à l’université de Concordia, le natif de Basra compare la salle de classe et la scène. « Enseigner, c’est totalement différent », dit-il, en parlant du processus créatif pour créer un programme scolaire. « Les thèmes principaux de mon cours sont le lieu, l’espace et la vitesse à laquelle la culture traverse l’espace». Yassin utilise le hip-hop, la musique et les films pour soulever les problèmes sociaux et politiques plus globaux qui forgent l’expérience des déplacés internationaux, de ceux en dispora. « Pas qu’on soit esclave», affirme Narcy en comparant les liens raciaux des afro-américains à la perception dominante des arabes. « Mais on est en quelque sorte des esclaves de la guerre. (…) Notre culture est devenue une énorme consommatrice de la guerre… du côté du receveur. »

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La frustration grandissante de l’artiste par rapport à la représentation des médias de la culture arabe a récemment poussé le jeune homme de 32 ans à fonder une collectivité d’artiste : We Are The Medium. « Nous ne contrôlons plus comment les gens perçoivent notre histoire », explique-t-il. « [The Medium] n’est qu’un effort concerté pour promouvoir notre production, pour promouvoir la présence de notre production, mais aussi pour réfléchir de façon critique à ce qu’on présente au monde. » Derrière cet échange autour de l’art et l’international, se cache une conversation sur les sneakers. Yassin se souvient de convoiter les Playoff Jordan 8 d’un ami, d’avoir eu la version originale des Concord 11 et de jouer au basket en Wallabees. « Les sneakers, c’était ce qu’il y avait de plus important », regrette-t-il en expliquant l’évolution de sa relation avec les chaussures.  « Tu dis ça tous les ans », je l’interromps brièvement, « j’en ai fini avec les sneakers ». Yassin souris. « Je n’en ai pas acheté depuis un moment. Je suis plus dans la B.D que les sneakers. » Quelques jours plus tard, je reçois un texto. « Je viens de choper les nouvelles Y-3 mec ! ». Qu’on l’assume ou non, un amoureux des sneakers, c’est à vie. 

Écoutez le podcast en bas de page et dirigez-vous vers @cmonfeet sur Instagram pour plus de photos!

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Mid-90s Abu Dhabi was a fairly uneventful place to grow up. Sports were a dominant pastime, as was loitering in the Burger King parking lot – a place the locals called Westside Khartoum because most of the teens who hung out there were Sudanese and dressed like 2Pac. Eldorado cinema, the city’s first movie theater, opened for business in 1994, with Keanu Reeves and Dennis Hopper’s Speed as the only picture on the bill for a good two months. A group of us were waiting on show time one night when my friend Yasmin’s brother walked by with a classmate of his I had never met. “That’s Yassin,” she nudged, pointing to a frizzy haired, broken footed adolescent on crutches. “You two should hang out. I think you’d get along.”      

Twenty-one years later, Yassin Alsalman and I are in a cramped storage closet in his Montreal apartment. The man most know as “The Narcicyst” is standing on a stool, balancing sneaker boxes in both hands. He’s digging for a pair of Pewter Jordan 1s to show us for the shoot, and asks me to keep an eye on Shams, his 22-month-old toddler. The little man, whose name is Arabic for sun, is sprawled on the living room carpet. He is waging battle on a zip-locked bag holding a pair of Jeremy Scott adidas. The black ones with the gorillas on them. “Shammousy,” I blurt playfully. He looks up. We lock eyes. “Addou,” he asserts, and repeats after a slight pause. I have no clue what he means, but he is determined to get through the plastic to the furry play thing inside. “I bought these for him,” Yassin explains, reaching for the sneakers his son is now gnawing at. “I figured I’d rock them on his birthday when he gets a bit older. Have him wig out over them.” If Wu-Tang is for the babies, Yassin’s music and artistry are for Shams – and other children through Shams.

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A professor of media and cultural studies at Concordia University, the Basra native compares the class to the stage. “Teaching is totally different,” he says, speaking on the creative process of designing syllabi. “The main themes of my class are space, place and race… not race as in skin tone but (…) the speed at which culture travels in.” Yassin uses Hip Hop, music, and film to address broader social and political issues that shape the experiences of the globally displaced, of those in diaspora. “[It’s] not that we’re slaves,” Narcy reflects, comparing African-American race relations to the dominant perception of Arabs. “But we’re sort of like war slaves. (…) Our culture has become a massive consumer of war… on the receiving end.”

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The artist’s growing frustration with mainstream media’s representations of Arab culture recently compelled the 32 year old to form an artist collective called We Are The Medium. “We don’t control how people perceive our history anymore,” he explains. “[The Medium] is just a concerted effort to elevate our output, to elevate the presence of our output, but also to think critically about what we’re presenting to the world.” Nestled in this exchange about arts and internationality, is a conversation about sneakers. Yassin recalls coveting a friend’s Playoff Jordan 8s, owning the original Concord 11s, and hooping in Wallabees. “Kicks used to be everything,” he laments, explaining his evolving relationship with footwear. “I hear you say this every year,” I interject momentarily: “I’m done with sneakers.” Yassin smiles. “I haven’t bought [any] in a while though. (…) I’m more into comic books than kicks.” Just a few days later, I get a text. “Just scooped the new Y-3s son!” Whether we cop to it or not, true sneaker lovers are lifers. 

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LE APOLLO VIENT D'ATTÉRIR!
Joignez-nous mardi prochain, dès 18h, pour découvrir la nouvelle collection NATIVE. Tout le monde est bienvenu! RSVP sur l'évènement Facebook, les places seront limitées!


THE APOLLO HAS LANDED!
Come by the shop next Tuesday night, as of 6pm, to explore and shop the new NATIVE collection. Everyone is welcome! Be sure to RSVP on the Facebook event page, space is limited!

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