English version follows French.
Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill
Encore un jour neigeux à Montréal, c’est probablement le première fois depuis où je pense à mettre des bottes : hors de question. Ce sera des Air Force 1, des high tops pas les mids. C’est un peu la mission pour arriver à Longueuil, mais le fait de savoir que le métro passe sous l’eau quand il traverse le fleuve Saint Laurent rend le voyage un peu fantastique. Je revois mes notes pré-entrevue quand je spot quelqu’un qui porte une paire de Jordan 9 noir et blanche. Je me penche et je fixe les sneakers pour déterminer si c’est la rétro 2010 ou une paire du countdown pack. A ma connaissance, le premier œillet est la seule petite différence entre les deux sorties. Mon iPod passe à Where I’m From de Sean Carter. Les yeux compulsivement rivés sur les baskets, je capte la seule ligne qui est difficile à rater : « Qui sont les meilleurs MC ? Biggie, Jay-Z, ou Nas ? ».
Quelques semaines avant, j’ai parlé à Emily, la meilleure pote de Roxanne. Elle m’avait suggéré une petite variation sur la parole en me révèlant que son amie d’enfance a un truc pour Channing Tatum, Joel Ortiz et B.I.G. Muni de cette information privilégiée, j’étais déterminé à me faire un trip Narduwar et mettre la pression sur la sales rep de sneakers pour choisir son préféré – celui avec qui elle metterait si on lui donnait la chance. Ce n’est pas le genre de question qu’on pose à quelqu’un qu’on connait à peine, surtout pas quand l’entrevue est sur les chaussures. Mais l’accueil de Roxanne a établi une ambiance détendue et chaleureuse pour la séance, le tout couronné par le notoire sandwich de fromage grillé et une tentative ratée d’une demi heure pour réparer une machine à espresso pété. Dans ces circonstances, comment ne pas demander ?
Roxanne Porlier et moi avons pris notre premier contact l’été dernier quand C’mon Feet était encore une proposition à moitié écrite pour une expo. Elle avait proposé de garantir des stands et de ce fait, était une des premières personnes à aider le projet à décoller. Aussi bête que ça peut sembler, ce qui m’avait le plus frappé dans nos premiers échanges de textos était qu’elle avait un langage presque parfait – pas de fautes d’orthographe, pas d’abréviations, et rarement un accent manquant. « C’est important », souligne la jeune femme de 24 ans quand je lui fais remarquer sa parfaite syntaxe. « Ta façon d’écrire reflète ta manière de pensée et à quel point tu es attentionné en général. » Je n’ai pas été surpris d’apprendre plus tard qu’elle était enseignante. Sa passion pour les sneakers lui ont permis de connecter avec des ados dont le comportement a été défini comme problématique par d’autres éducateurs. Qu’elle porte des Jordans ou des Timberlands aux lacets défaits, le choix de chaussure de Roxanne enchantait ses étudiants et les aidait à réimaginer ce à quoi l’autorité pouvait ressembler.
Saisissant les opportunités au bon moment, Roxanne a finalement décroché un boulot avec une boîte de sneakers, en commençant par le marketing pour arriver à la vente. « Je fais toujours la blague que je suis passée de la tête aux pieds », dit-elle. Il n’y a rien que la coureuse de fond fait qui peut être banalisé. Son condo de deux étages est un méli-mélo de mondes qui semblent clasher s’ils sont pris au sens premier. Un flyer pour un concert hardcore à Café l’Inco est posé à côté du vinyl Kind of Blue de Miles Davis. En copiant l'art de Mark Chronic, elle mélange le Hip Hop avec des produits de la culture populaire comme la B.D Peanuts de Charles Schulz. Des talons sont alignés à côté de rangés de sneakers. « Quand ils ne sont plus beaux, je les mets sur une étagère », elle partage, en faisant référence à ses baskets en fin de vie. « Je les garde, parce que je trouve que (…) c’est comme un segment de ta vie, c’est comme une partie de toi… Fait que je deviens super attachée à… ben, au matériel en fait ».
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(Note de l'éditeur: Les pièces inspirées par Mark Chronic sont des copies uniques et sont destinés à un usage personnel.)
Another snowy Montreal day – probably the first time in a year I consider wearing boots, but never that. Air Force 1s it is, high tops not the mids. It’s a bit of a trek to Longueuil, but knowing the metro dips under water as it crosses the St. Lawrence River somehow makes the trip a little fantastical. I’m going over pre-interview notes when I spot someone wearing a pair of black and white Jordan 9s. I lean in and squint at the eyelets, trying to determine whether it’s the 2010 retro or a pair from the countdown pack. To my knowledge, the first lace hole is the only minor difference between the two releases. My iPod jumps to Sean Carter’s Where I’m From. Eyes compulsively focused on the kicks, I catch the one line that’s hard to miss: “Who’s the best MCs? Biggie, Jay-Z, or Nas?”
A few weeks prior, I spoke with Roxanne’s best friend, Emily, who suggested a slight variation on the lyric: Roxanne apparently has a thing for Channing Tatum, Joel Ortiz, and B.I.G. Equipped with this privileged information, I was set on pulling a Nardwuar and pressuring the sneaker sales rep into picking a favorite – the one she’d basically settle down with if given the chance. It’s not the type of question you ask someone you barely know, particularly when the context of the interview is footwear. There was something about Roxanne’s hospitality though that set the tone for a relaxed and homey session. The afternoon’s highlights included Em’s infamous grilled cheese sandwiches and a failed half hour attempt at fixing a busted espresso machine. Under the circumstances, how could I not ask?
Roxanne Porlier and I first connected last summer when C’mon Feet was still a half-written proposal for an exhibit. She had offered to help secure display stands and, as a result, was one of the first people to help the project get rolling. Silly as it may sound, what stood out most to me about our earlier text exchanges was the she used near perfect diction – no spelling errors, no abbreviations, and rarely a missing accent. “It’s important,” the 24-year-old explained when I pointed out her flawless syntax. “The way you write is a reflection on how you think and how diligent you are in general.” It came as almost no surprise when she later informed me she used to be a schoolteacher. Her passion for sneakers enabled her to bond with teens whose behavior other instructors labeled problematic. Whether she was rocking Jordans or unlaced Timberlands, Roxanne’s choice of kicks endeared her to students and helped them reimagine what authority could look like.
Catching the right breaks at the right time, Roxanne eventually landed a job with a sneaker company, starting in marketing and moving to sales. “I always joke that I worked my way down from head to foot,” she says. There’s no dumbing down in anything the distance runner does though. Her two-story condo is a cultural mish mash of worlds that might appear to clash if taken at face value. A flyer for a hardcore show at Café l’Inco rests next to a Miles Davis Kind of Blue LP. Mimicking Mark Chronic's artwork, she infuses Hip Hop into popular culture staples like Charles Schulz's Peanuts comic strips. Heels line up by rows of sneakers. “When they’re not wearable anymore, I tend to keep them, maybe put them on a shelf somewhere,” she shares, referring to older kicks with little life left. “They’re like a reflection of your life experiences. They’re a part of who you are. (…) I get really attached to them, even though they’re just material objects.”
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(Editor's note: The Mark Chronic inspired pieces are 1/1 copies and are intended for personal use only)