English version follows French.
Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill
C’mon Feet parle de lieux, d’espaces et des gens qui les occupent. Avec le temps, Le Petit Hôtel sur Saint Paul est devenu une sorte de hub créatif pour le crew et moi. La sœur de Yassin, Hala, a écrit le scénario de Bêtes Humaines dans le café du lobby de l’hôtel. J’ai écrit la majeure partie de ma thèse, sur trois ans, à ce même endroit, en passant - je l’avoue - un nombre infini d’heures à fixer la peinture murale d’En Masse qui couvre le mur incliné au fond de la salle. L’été dernier, pendant une rare pause de ses responsabilités managériales, Mathieu Bourgoyne s’est arrêté près de mon espace de travail pour discuter. Il m’a demandé si ça m’intéresserait d’utiliser la salle à l’entrée de l’hôtel pour quelque chose en lien avec les baskets. « Un pop-up shop, une exposition de collection, ce que tu penses pourrait fonctionner », il suggéra.
Finalement, nous avons décidé de faire une expo qui met en avant les fans de sneakers de Montréal. Chaque participant devait choisir une paire de sneakers de leur collection pour l’exposer. Au dessus des chaussures, il y aurait un portrait de la personne ; en-dessous une petite histoire à propos de ce qui rend ces chaussures en particulier spéciales. Dans les mois qui suivent, le projet s’est transformé en C’mon Feet. Quand Christopher Chiu a accepté de participer au projet, il m’a demandé si je pouvais choisir un spot pour notre entrevue. Je ne pouvais pas penser à un meilleur endroit que celui où tout à commencer. Le fondateur de KicksMTL s’inquiétait d’autre chose. « Combien de paires dois-je apporter ? », il m’a texté. J’ai fait exprès de rester vague, pour le laisser décider mais j’ai eu une mini crise cardiaque la nuit avant notre rencontre. Qu’est-ce que je fais s’il arrive avec une décevante petite sélection ?
Ne jamais remettre en question un homme qui co-gère un blog qui s’appelle The Brag Affair. Je déguste un espresso quand Chris débarque avec deux sacs marins remplis de tellement de chaussures que les coutures allaient exploser. C’est comme s’il avait ressenti mon soulagement mal dissimulé. Il sourit, confiant et modeste malgré le nom de son site de sneakers. « Il y en a encore », il me fait savoir. On marche vers son mini-van de l’autre côté de la rue, la porte arrière s’ouvre et je vois d’autres sacs tous installés dans leur propre siège auto. La symbolique ne m’échappe pas. Je pense à Cristina qui appelle ses baskets ses bébés, quelque chose que la plupart des fans de sneakers, moi inclus, ont fait à un moment ou un autre. Chris est plutôt réservé mais quand il parle de sa famille ça me rappelle que comparer des chaussures à sa progéniture devrait probablement être réservé à ceux d’entre nous qui ne sont pas encore parents. « Ma femme est une sainte », il me confie en parlant de la division des tâches ménagères. « Elle s’occupe de tout et elle tolère mon obsession des baskets ».
Au fur et à mesure que la discussion avance, ce qui me frappe c’est à quel point Chris est une personne sincèrement attentionnée. Dans une culture qui valorise souvent la concurrence et l’excès, où les conversations virent souvent vers qui a la plus grande collection et qui a le plus de perles, le bloggeur à la voix douce est concerné par la construction communautaire en ligne et virtuelle. Il utilise les médias pour promouvoir les collectionneurs locaux et informer ses pairs des soldes et organise aussi des rencontres mensuelles pour que ses « followers » se rencontrent en personne. Chris a appris une leçon importante quand il est tombé sur une paire de Adi-Rose à la solderie Adidas de Boucherville à 16$. Il a posté une photo de sa trouvaille sur le forum Sole Collector et a observé le « thread » engrangé, de façon inattendu, une quantité surprenante de trafic. « C’est là que j’ai eu mon premier moment de célébrité sur Internet, si on peut appeler ça comme ça », Chris pense en prenant une petite pause. « Ce n’est pas vraiment de la célébrité (…) mais ça m’a donné une idée de ce qu’on peut faire avec très peu ».
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C’mon Feet is about places, spaces, and the people who occupy them. Over time, Le Petit Hotel on St. Paul has become something of a creative hub for the crew and me. Yassin’s sister, Hala, wrote the script for Bêtes Humaines in the hotel lobby’s café. I penned the majority of my doctoral dissertation, over a 3 year stretch, in that same spot – admittedly spending countless hours staring at the En Masse mural that covers a slant wall in the back. Last summer, on a rare break from his managerial duties, Mathieu Bourgoyne stopped by my workspace for a quick chat. He asked if I’d be interested in using the front room by the hotel’s entrance for something sneaker-related. “A pop-up shop, a collection display, whatever you think would work,” he suggested.
Eventually, we agreed to hold an exhibit spotlighting Montreal sneaker enthusiasts. Each of the participants would choose a pair of kicks from their collection to be on display. Above the pair would be a portrait of the person; below, a short story about what makes those specific kicks noteworthy. In the ensuing months, the project morphed into C’mon Feet. When Christopher Chiu agreed to join the project, he asked if I might pick a good spot for our interview. I couldn’t think of anywhere better than the very place where this all started. The founder of KicksMTL had one other concern. “How many pairs should I bring?” he texted. I was purposely vague, leaving it up to him to decide, but had a mini-panic attack the night before we met. What if he shows up with an underwhelming selection?
Never doubt a man who co-runs a blog called The Brag Affair. I’m sipping on an espresso when Chris shows up with a pair of duffle bags stuffed with so many kicks the seams were ready to burst. It was as if he’d sensed my thinly veiled relief. He smiles, confident and, despite his sneaker site’s name, ever so humble. “There’s more,” he lets me know. We walk to his mini-van across the street, the back door slides open, and I see a couple more bags each nestled in its own baby seat. The symbolism is not lost on me, as I think back to Cristina referring to her sneakers as her “babies” – something most other sneaker enthusiasts, including myself, have done at some point or another. Chris is fairly private but when he speaks about his family, I am reminded that likening shoes to offspring is probably best reserved for those of us who are not yet parents. “My wife is a saint,” he shares, referring to the division of household responsibilities. “She takes care of everything… and she tolerates my sneaker obsession.”
As we delve deeper into conversation, what strikes me is how genuinely thoughtful an individual Chris is. In a culture that often values competition and excess, where discussions sometimes degenerate into whose collection is bigger and who owns more “heat,” the soft-spoken blogger is concerned with community building, both online and virtual. He uses social media to promote local collectors and inform his peers of sales he comes across, but also organizes monthly meets for his “followers” to connect in person. Chris learned a valuable lesson when he stumbled on a pair of Adi-Rose samples at the Boucherville Adidas outlet for a tidy $16. He posted pictures of his find on the Sole Collector forum and watched the thread unexpectedly garner an inordinate amount of traffic. “That’s where I got my first taste of Internet fame, if you can call it that,” Chris reflects, with a momentary pause. “It’s not real fame (…) but it gave me a sense of what you could do with very little.”
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