English version follows French.
Auteur: Habib Siam - Traduction: Nancy Siam - Photographie: Tron - Art: Tracy Siam - Musique: Sandhill
C’était le premier entretien et photo shoot qu’on a fait pour C’mon Feet. Je n’avais jamais rencontré Cristina mais on s’était eu au téléphone plusieurs fois après que Yassin m’a recommandé de l’inclure dans le projet. Il ne sait pas exactement ce qu’elle fait dans la vie, mais il sait qu’elle bosse dans le design, qu’elle aime les sneakers et qu’elle a des histoires à n’en plus finir. J’ai rencontré notre mystérieuse « fashionista » un jour d’hiver typiquement montréalais où on voit la neige tomber horizontalement. Je ne sais pas exactement comment ni où les flocons touchent le sol, mais évidemment ils le font. Petit à petit, la ville nous fait penser au bureau de Tony avant qu’il nous introduise à son « petit pote. » Le temps que j’arrive chez Cristina les escaliers qui mènent à son appartement représentent un tel risque que je maudis l’hiver et les marches glissantes d’un même souffle gelé. Au moins, ce ne sont pas les escaliers en colimaçon.
J’arrive en haut, je sonne et je remarque un autocollant sur la porte : « attention au chien ». Au moment où je rentre, je suis accueilli par Carlito Suavé, un bulldog victorien de Biscayne, et C-Dawg Playboy, un Jack Russell écossais que Cristina a adopté à Dubai. Pour quelqu’un d’origine Espagnole, Aztèque, Italienne et Libanaise, rien d’étonnant à ce qu’elle partage sa maison avec deux chiens internationaux. Le couloir d’entrée mène à une autre volée de marches. Celles-ci vous conduisent à une chambre avec une table en bois de chêne. A droite, il y a ce qui semble être un dressing avec tout un tas de SB éparpillées dans le coin. « Je n’ai jamais vu une paire de Hunters aussi petites », je me suis dis. C’est là que Cristina sort, une paire de Blazer avec un pony hair swoosh aux pieds – un 5,5 homme je découvre plus tard.
Ana Cristina Mendoza échappe à toute définition ou catégorisation qu’on pourrait lui imposer. Son attirance pour la mode est enracinée dans le rythme effréné de l’industrie. « Ca bouge toujours, ça évolue, ça change et ce n’est jamais immobile…et je pense que c’est dans mon sang. Je suis né avec », elle m’explique en racontant son parcours nomade. Après avoir écouté son entretien, Yassin m’envoie un email. « Je ne sais toujours pas ce que Cristina fait », il admet. Mais, je suis sûr que c’est le but. Cristina se connait assez bien pour savoir exactement ce qu’elle fait et vers quoi elle se dirige. Elle semble être quelqu’un avec de grandes aspirations, le talent pour les réaliser et toute l’intention du monde de le faire. J’ai comme l’impression que son imprécision et sa réserve occasionnelle sont des techniques de défense pour ne pas être bloqué dans les perceptions des autres de qui elle est et de ce qu’elle représente. Dans un sens, c’est ironique qu’elle n’ait pas gardé une seule de ses boîtes de sneakers.
Cristina a un avis unique sur les chaussures, faisant souvent référence aux structures de la mode, l’architecture des sneakers, ou la construction d’une chaussure. Malgré son affinité pour le changement, l’amour de la latino-libanaise pour les baskets émane de la constance qu’elles lui procurent. « Elles sont fidèles », insiste-t-elle. « Je veux dire regarde…une femme grossie, et elle perd du poids, ensuite elle redevient un peu boulotte, mais tu sais quoi ? Ta chaussure te va toujours. » C’est cette fiabilité qui a permis de créer un lien entre Cristina et ses pompes. Elle traite ses baskets comme l’incarnation de certains moments de sa vie, qu’ils soient doux, aigres, ou aigres-doux. Du voyage au travail, des relations aux souvenirs d’enfances, Cristina a des histoires pour chaque paire. Il me semble qu’on l’a vu pendant une phase de transition dans sa vie – une phase symbolisée en quelque sorte par son éloignement des baskets pour entrer dans l’univers des chaussures à talon. Elle a eu les larmes aux yeux quand elle s’est mise à penser à ce que les SB, Jordan et Diamond Turf représentent pour elle. Ce tremblement momentané dans sa voix pendant qu’elle nous parlait de ses « bébés » était un beau moment, émouvant, l’un des plus authentique que nous ayons vécu sur ce projet.
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Note de l’éditeur : pour information, je me suis cassé la gueule sur ses escaliers en descendant.
This was the first interview and shoot we did for C’mon Feet. I had never met Cristina, but we’d spoken on the phone a few times after Yassin had recommended I include her in the project. He couldn’t tell me exactly what she did, but knew she was in design, loved her some sneakers, and had stories for days. I linked with our mystery fashionista on one of those Montreal winter days where you look out the window and see snow “falling” horizontally. I’m still not sure how or where the flakes ever hit the ground, but they obviously do and have the city looking like Tony’s desk before we say hello to his “little friend.” By the time I get to Cristina’s, the staircase leading up to her apartment poses enough of a hazard that I curse the winter and the slippery steps in the same frozen breath. At least they’re not the windy ones.
I get to the top, ring the doorbell, and notice a sticker on the front door: “Beware of Dog”. As I walk in, I’m greeted by Carlito Suavé, a Victorian Bull Dog from Biscayne, and C-Dawg Playboy, a Scottish Jack Russell Cristina adopted in Dubai. Sharing a home with two international canines seems only fitting for someone whose cultural background is a mix of Spanish, Aztek, Italian, and Lebanese. The hallway entrance connects to another flight of stairs. These ones take you up to a room with a solid oak dining table. To the right is what seems like a walk-in closet with a bunch of pink box era SBs scattered in the corner. “I’ve never seen a pair of Hunters so small,” I thought to myself. That’s when Cristina steps out, rocking a pair of Blazers with a pony hair swoosh – a men’s size 5.5 I would later find out.
Ana Cristina Mendoza eludes any definition or categorization you might impose on her. Her attraction to fashion is rooted in the industry’s relentless pace. “It’s always moving, and evolving, and changing, and never being still… and I think it was in my blood. I was born with it,” she explains while recounting a nomadic upbringing. After listening to her interview, Yassin shot me an email. “I still don’t know what Cristina does,” he admitted. I’m pretty sure that’s the point though. Cristina is self-aware enough to know exactly what she’s doing and where’s she headed. She strikes me as someone with great aspirations, the talent to live up to them, and every intention of banking on that promise. I get the sense that her occasional vagueness or aloofness is a defense tactic against being trapped in other people’s perceptions of who she is and what she’s about. In a way, it’s ironic and telling that she hasn’t kept a single one of her sneaker boxes.
Cristina has a unique take on footwear, often referring to the mathematics of fashion, the architecture of sneakers, or the construction of a shoe. Despite her affinity for change, the Lebano-Latina’s love for sneakers comes from the consistency they provide her. “They’re loyal,” she insists. “I mean look… a woman gets fat, and she looses weight, and then she gets a bit plumpier again, but you know what? Your shoe will always fit you.” It’s this reliability that helped create a bond between Cristina and her kicks. She treats her sneakers as the embodiment of certain phases in her life, whether sweet, bitter, or bittersweet. From travels to travails, relationships and childhood memories, Cristina has stories to fit every pair she owns. We seemed to catch her at a transitional point in her life – one symbolized, in some ways, by her move away from sneakers into the world of heels. She got misty when reflecting on what her SBs, Jordans, and Diamond Turfs meant to her. That momentary crack in her voice as she spoke to us about her “babies” was beautiful, touching, and one of the more genuine moments we experienced on this project.
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Editor’s note: For the record, I busted my ass on those stairs on the way down.